Bohin ne veut pas lâcher ses aiguilles
Près de l’Aigle, la petite usine de Saint-Sulpice-sur-Risle est le dernier fabricant d’aiguilles à coudre en France L’histoire. Le jeune Benjamin Bohin, inventif, curieux et entreprenant, décide en 1860, une diversification dans la fabrication des aiguilles. L’aventure industrielle peut commencer. Très vite il rachète l’ensemble des productions de la région de L’Aigle. » Bohin comptera jusqu’à cinq usines le long de la rivière de la Risle », note Didier Vrac, aujourd’hui à la tête de l’entreprise. Cinq générations vont ensuite se succéder, mais le déclin de la couture et de la confection sonne le glas de l’entreprise, qui en 1997, connaît dépôt de bilan et liquidation. Salarié de l’entreprise depuis 1990, Didier Vrac a néanmoins travaillé sur le cas Bohin, » pour que l’entreprise renaisse », avec douze praticiens dans le cadre de l’Institut français de gestion. Au tribunal, son offre l’emporte. Si les 600 salariés des belles années ne sont plus là, l’entreprise fabrique toujours avec un effectif de… 40 personnes. Si le cœur de métier de l’entreprise reste les aiguilles et autres épingles, dernière production française, le catalogue Bohin s’est mis à grossir. » Nous avons aujourd’hui 4 500 références avec tous nos produits pour la couture et les loisirs créatifs ». L’entreprise ne produit pas tout, mais distribue à la fois sous son nom et sous marque de distributeur. » On garde le pointu du pointu, ce qui donne de l’emploi aux 25 salariés des ateliers ». Il y a dix-huit mois Bohin a repris la dernière fabrique réputée en France de ciseaux, notamment de tailleurs, l’usine Dussaussay à Nogent (Haute-Marne). Avec un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros, Bohin vend aussi à l’export (pour 20%), » grâce au marché des Etats-Unis ». Même cachée à l’abri des grands axes, au cœur d’un petit village de l’Orne, l’entreprise va quand même connaître la médiatisation. L’ouverture au public s’impose et l’idée d’un musée fait son chemin. L’ouverture de la Manufacture Bohin est prévue pour mars 2014. Ainsi la partie des vieux bâtiments à l’abandon, rénovés et adaptés à l’accueil du public (jusqu’à 30 000 visiteurs), va reprendre vie. http://www.bohin.fr/index.asp
Les Echos, 18 juillet 2012, Philippe Legueltel
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